8 novembre 2018 Cédric de Solenvie

Artificialisation des sols : objectif zéro!

Le 15 octobre, de très violentes intempéries ont frappé l’Aude et provoqué des inondations catastrophiques : 14 décès, plus de 70 blessés, 126 communes reconnues en état de catastrophe naturelle et des dégâts matériels dont le coût dépasserait les 200 millions d’Euros. Un épisode climatique exceptionnel et isolé ? Pas sûr, car ce type d’évènement pourrait se multiplier à l’avenir selon certains climatologues.

Le changement climatique n’est pas le seul coupable : l’artificialisation des terres joue un rôle essentiel. L’étalement urbain et le grignotage progressif des sols par des infrastructures routières ou des parkings augmentent les surfaces imperméabilisées. Cette artificialisation représenterait entre 160 et 840 km2 par an selon les chiffres compilés par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et l’Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux (IFSTTAR) dans une expertise collective conduite en 2017 (1).

Cette artificialisation modifie les processus d’écoulement des eaux, en augmentant le ruissellement de surface au détriment de l’infiltration dans les sols ou l’évaporation, ce qui augmente le risque d’inondation lorsque l’ensemble d’un bassin versant est touché. Elle contribue en outre à l’érosion de la biodiversité par la destruction d’habitats naturels et de continuités écologiques permettant à la  faune sauvage de circuler. C’est pourquoi le plan biodiversité présenté par Nicolas Hulot le 4 juillet dernier prévoit d’atteindre l’objectif de « zéro artificialisation nette » dans un horizon temporel qui reste à préciser.

Quelle place pour l’industrie dans ce processus ? Aujourd’hui, 20% des surfaces artificialisées correspondent à des activités industrielles et commerciales et 28% à des infrastructures de transport. Les effets d’agglomération et d’expulsion des activités industrielles en périphérie des villes expliquent notamment cette forte contribution. La multiplication de plateformes logistiques et la systématisation des parkings bitumés dans les zones commerciales constituent également des facteurs aggravants.

Au-delà des obligations réglementaires prévues pour éviter et compenser les dommages environnementaux causés par l’implantation d’industries, ces dernières peuvent contribuer à l’atteinte de l’objectif zéro artificialisation. Des solutions techniques existent en effet pour végétaliser les toits ou limiter l’imperméabilisation des sols à l’aide de revêtements de parkings perméables. Mais l’élément-clef réside dans l’élaboration de stratégies collectives d’implantations industrielles intégrant les enjeux de limitation de l’artificialisation et de préservation des infrastructures écologiques.

Bien évidemment, tout cela a un coût. Mais également un bénéfice à long terme, pour les industries elles-mêmes et la société. Et prendre le risque de l’inaction semble bien dangereux…