19 juin 2017 Cédric de Solenvie

Etude de l’ADEME sur les bio-indicateurs de l’état des sols

> Les bio-indicateurs de l’état des sols, un nouvel outil d’évaluation

Une étude montre que les bio-indicateurs renseignent sur les risques
liés aux transferts de contaminants et à l’impact global sur
l’écosystème ainsi que sur l’état écologique des sols. Ils apportent
ainsi des informations complémentaires aux analyses physico-chimiques.
L’ADEME a publié un document dont l’objectif est de présenter les
différents outils biologiques de type Bio-indicateurs (Fiche
Bio-indicateurs) et leurs applications sur différents cas d’études
pilotes afin de montrer leur intérêt dans la gestion des sites pollués
et/ou la reconversion des friches et leur caractère opérationnel (Fiches
Exemple d’utilisation).
Remarque : le document comporte 5 fiches de présentation des différents
bio-indicateurs utilisés, dont deux bio-indicateurs d’accumulation
(indice CMT-végétaux et indice SET-Escargots) et trois bio-indicateurs
d’effets (indice nématode, indice Omega 3 – végétaux et indices vers de
terre). Les bio-indicateurs d’accumulation et d’effet sur les végétaux
sont présentés dans le guide « Les phytotechnologies appliquées aux
sites pollués » et sont utilisés comme outils d’aide à l’évaluation d’un
traitement par phyto-management.

L’utilisation de ces outils de type Bio-indicateurs dans des
applications diverses a fait l’objet d’un programme de recherche nommé «
APPOLINE » mis en oeuvre par deux start-up et une équipe de recherche
ayant développé ces outils et un bureau d’études spécialisé dans la
gestion des sites pollués apportant ainsi une bonne connaissance du
contexte et de la réglementation dans ce domaine.
Les insuffisances des méthodes et analyses (physico)chimiques Depuis
plusieurs années, le risque environnemental des sols contaminés a été
principalement abordé par des méthodes physicochimiques. Bien que ces
analyses soient nécessaires à la caractérisation des dangers, ces outils
ne permettent pas d’identifier la totalité des molécules et/ou éléments
toxiques en contextes multi-pollués. Par ailleurs, les analyses
chimiques ne renseignent en rien sur la biodisponibilité des
contaminants, leurs transferts potentiels et leurs niveaux de toxicité
vis-à-vis des organismes vivants, lorsqu’ils sont seuls ou en «
cocktails » (effets de synergie ou d’antagonisme des contaminants).
Inversement, en intégrant les effets liés à l’ensemble des contaminants,
les bio-indicateurs sont des outils sensibles qui renseignent sur les
risques liés à leurs transferts et à l’impact global sur l’écosystème
ainsi que sur l’état écologique des sols. Complémentaires des analyses
physico-chimiques, ils constituent des outils particulièrement
intéressants pour évaluer ces impacts jusqu’alors ignorés (ou non
considérés).

Face au constat d’un manque de bio-indicateurs pour décrire la qualité
du sol, le programme national « Bio-indicateurs de Qualité des sol » a
été mis en place par l’ADEME pour développer ces outils mais aussi pour
mettre en avant l’intérêt d’intégrer ces bioindicateurs dans les
diagnostics de pollution en complément des analyses physico-chimiques .
Au cours de ce programme, les Indices Nématodes, l’Indice Oméga-3
(biomarqueur lipidique) et l’indicateur de bioaccumulation dans les
végétaux (CMT-végétaux) étudiés dans le programme APPOLINE se sont
révélés être des outils :
– pertinents pour évaluer les incidences écologiques des polluants des
sols ;
– opérationnels sur un certain nombre de sites contaminés.
Des retours d’expérience pour encourager l’outil « bio-indicateur »
Cependant, malgré les efforts déployés pour faire valoir ces outils,
leur utilisation dans l’évaluation des risques est encore à l’heure
actuelle peu fréquente car très peu d’études portent sur des cas
concrets. Dans ce contexte, le programme de recherche APPOLINE a été mis
en oeuvre afin de préciser les conditions d’utilisation de ces outils
biologiques et acquérir un retour d’expériences dans des opérations de
démonstration permettant de montrer leur intérêt auprès d’utilisateurs
potentiels (bureaux d’études, industriels de la dépollution, aménageurs,
collectivités…).

Ces nouveaux résultats de recherche constituent en tout cas un premier
retour d’expériences qui doit permettre de faire évoluer les pratiques
dans les domaines du diagnostic et de la gestion des sites et sols
pollués. Olivier CIZEL, Code permanent Environnement et nuisances »