Un rapport sans précédent de plus de 100 experts mondiaux révèle une dégradation inquiétante des sols de la planète. Plus de 3 milliards de personnes sont déjà affectées, et plusieurs dizaines de millions pourraient être contraintes de migrer.
        « Avec des impacts négatifs sur le bien-être d’au moins 3,2        milliards de personnes, la dégradation de la surface terrestre par        les activités humaines pousse la planète vers une sixième        extinction massive des espèces », révèle le professeur Robert        Scholes. Ce scientifique co-préside l’évaluation de la dégradation        et de la restauration des terres produite par la plateforme        intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité        et les systèmes écosystémiques (IPBES). Cette évaluation a été        approuvée samedi 24 mars par les représentants des Etats membres        de cette instance, réunie à Medellin en Colombie pour sa sixième        réunion plénière.
        Il s’agit de la première évaluation mondiale de cette ampleur        portant sur cette question. Réalisée par plus de 100 experts        venant de 45 pays différents, ce travail s’appuie sur plus de        3.000 sources scientifiques, gouvernementales ou locales. Elle        constitue la deuxième évaluation thématique de cet organe chargé        de fournir les meilleures données scientifiques pour éclairer les        politiques en matière de biodiversité. Son premier rapport, remis        en mars 2016, était consacré aux pollinisateurs.
        « L’aggravation de la dégradation des terres causée par les        activités humaines mine le bien-être des deux cinquièmes de        l’humanité, entraînant l’extinction des espèces et intensifiant le        changement climatique », résument les chercheurs.
        Les causes de cette dégradation incontrôlée ? L’expansion rapide        et la gestion non durable des terres cultivées et des pâturages,        qui résulte de la surconsommation dans les économies les plus        développées combinée à une consommation croissante dans les pays        émergents et en développement. « La consommation élevée et        croissante par habitant, amplifiée par la croissance démographique        continue dans de nombreuses régions du monde, peut conduire à des        niveaux insoutenables d’expansion agricole, d’extraction des        ressources naturelles et minérales et d’urbanisation – entraînant        logiquement des niveaux plus élevés de dégradation des terres »,        pointe l’lPBES.
        Ce phénomène se manifeste de plusieurs façons, relèvent les        auteurs du rapport : abandon de terres, déclin des populations        d’espèces sauvages, perte de qualité des sols, de pâturages et de        ressources en eau, déforestation. Certains milieux comme les zones        humides paient un lourd tribut puisque les chercheurs chiffrent        les pertes à 87% depuis le début de l’ère moderne. Si la        dégradation remonte loin dans le temps, elle a tendance à        s’accélérer. Pour la seule année 2014, plus de 1,5 milliard        d’hectares d’écosystèmes naturels ont été convertis en terres        cultivées. Au final, selon les chercheurs, moins de 25% de la        surface de la Terre a échappé aux impacts substantiels de        l’activité humaine. Terres cultivées et pâturages couvrent        désormais plus d’un tiers de la surface terrestre.
        Cette dégradation des terres est un facteur majeur de changements        climatiques et ces derniers sont considérés comme l’un des        principaux moteurs de la perte de biodiversité. Le rapport met en        avant la déforestation, qui contribue à elle-seule à environ 10%        des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique, ainsi        que la libération de carbone jusque là stocké dans les sols.        Compte tenu de l’importance des fonctions des sols en la matière,        « l’évitement, la réduction et l’inversion de la dégradation de        terres pourraient fournir plus d’un tiers des mesures        d’atténuation des gaz à effet de serre les plus efficaces d’ici        2030 pour maintenir le réchauffement climatique sous l’objectif de        2°C visé par l’Accord de Paris », soulignent les auteurs.
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