21 juin 2016 Cédric de Solenvie

L’humus disparaît des forêts de montagnes

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Alpes – Cette couche supérieure du sol recule depuis une trentaine d’années. Les experts suspectent le réchauffement climatique.

L'étude a été menée dans les bois bavarois, il n'existe pas de comparaison des sols sur le long terme en Suisse.

Une partie de l’humus a disparu des forêts des Alpes ces trente dernières années. Des chercheurs de l’université technique de Munich (TUM) supposent que le changement climatique en est la cause.

L’équipe autour de Jörg Prietzel a étudié le développement de l’humus dans les forêts des Alpes bavaroises entre 1987 et 2011. Elle a constaté que les réserves de l’humus avaient diminué de 14%, a communiqué mardi l’université.

Une couche épaisse d’humus est pourtant essentielle aux forêts de montagnes pour résister aux conditions météorologiques extrêmes comme la sécheresse ou les fortes précipitations, explique la TUM. Ce terreau est important pour la fertilité des sols.

Chaud et humide

La perdition est plus importante là où des températures élevées ont été enregistrées. De plus, un tiers en moyenne de la masse a disparu sur les sols en roche calcaire ou dolomitique, ont expliqué les scientifiques dans le journal spécialisé Nature Geoscience. Ils n’ont cependant pas constaté de pertes dans les prairies alpines.

Stefan Zimmermann de l’institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL explique que dans les forêts alpines, l’humus se trouve en surface et qu’il est composé d’une matière organique décomposable. Les températures chaudes et l’humidité favorisent la transformation et la minéralisation de cette couche par les micro-organismes et donc sa disparition.

Aussi en Suisse

Il n’existe pas de comparaison des sols sur le long terme en Suisse. Mais dans les forêts d’altitude, sur les sols riches en calcaire des Préalpes, le développement est probablement identique, a dit Stefan Zimmermann.

Jörg Prietzel et son équipe proposent, grâce à une gestion appropriée de la forêt, d’influencer la composition d’humus pour ralentir sa dégradation. Mais le climat ne changera pas, souligne Stefan Zimmermann. «La gestion seule ne permet pas de stabiliser l’humus si les températures continuent d’augmenter».