27 mars 2018 Cédric de Solenvie

Stockage du carbone dans les sols : un bel objectif mais beaucoup d’incertitudes

La France a pris le leadership de l’initiative 4 pour 1000. Mais de la théorie à la pratique, le chemin sera long. Augmenter le taux de carbone dans les sols nécessite une modification des pratiques agricoles pour des bénéfices limités dans le temps.

Lancée le 1er décembre 2015 à la COP 21, l’initiative 4 pour 1000 est ambitieuse. Elle repose sur l’idée que l’absorption du carbone dans les sols via les plantes pourraient compenser les émissions mondiales de CO2. Si le taux de carbone organique n’augmentait « que » de 0,4% (ou 4 pour 1000) dans les 40 premiers centimètres du sol, cela conduirait à stocker 3,4 milliards de tonnes de carbone chaque année soit la quasi totalité des émissions mondiales estimées à 4,3 milliards de tonnes par an. Ce carbone, une fois stocké, servira à renforcer les rendements agricoles et par là même la sécurité alimentaire. Une théorie qui laisse rêveur mais qui est encore loin de prendre forme comme l’explique une note réalisée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
L’incertitude scientifique est encore grande à ce sujet. Le stockage de carbone dans les sols est inégal, fonction des sols et aussi des pratiques qui s’y déroulent. Une forêt ou une prairie stockent 80 tonnes de carbone par hectare (tC/ha) quand un vignoble ne stocke « que » 35 tC/ha. La teneur en carbone organique des sols varie également en fonction du climat, de l’exposition des sols à l’érosion ou encore de leur épaisseur.
Qu’à cela ne tienne, la France y croit et entend bien promouvoir son puits de carbone agricole. Elle a mobilisé ses instituts de recherche pour en savoir plus sur les transferts, mieux les quantifier, et mesurer l’évolution du puits. L’Inra a déjà livré une carte des stocks de carbone en décembre 2017. Avec l’Ademe et Arvalis, l’institut rendra un rapport d’ici la fin de l’année dans le but d’identifier les pratiques agricoles et sylvicoles adaptées. Car pour l’instant, il est encore difficile de faire le lien entre pratiques et stockage. Pourtant, c’est bien par là qu’il va falloir commencer pour véritablement augmenter ce puits de carbone.

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https://www.actu-environnement.com/ae/news/stockage-carbone-sols-objectif-4-1000-opecst-30912.php4#xtor=EPR-1